Rioux Généalogie
Les Ancestors et Descendants de Jean Riou et Catherine Leblond
par Thomas Wayne "Tom" Rioux, Ph.D., Austin, Travis, Texas, États-Unis
Dédié au travail et à la mémoire de François Beaulieu

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Jean Riou Histoire

Ce document provient de «Nos Ancêtres Québec, Volume 2, Biographie d'Ancêtres», Sainte-Anne-de-Beaupré, CP 1000, Sainte-Anne-de-Beaupré, Québec, Canada, G0A 3C0, 1981, ISBN 2-89238-233 -5, pages 159-165.

        Trois personnes portant le nom de famille Rioux vécurent au Canada au dix-septième siècle.

        Madeleine Rioult, une normande originaire de Notre­Dame-de-la-Ronde, épousa à Québec, 10 septembre 1673, Louis Lavallée.  Elle ne laissa pas de descendants.

        Jean Riout, 8 mars 1669, âgé d'environ 17 ans, «natif de la ville de Rouen», fils de Pierre, s'engagea pour 8 ans au service de l'ancêtre Jean Routier, paroisse de Sillery.  Pois, nous perdons sa trace.

        L'ancêtre des Rioux d'Amérique, Jean, était originaire de Ploujean, diocèse de Tréquier, petite localité située sur la rive est de la baie de Morlaix, en Bretagne.  Son père, un laboureur, portait le même prénom; sa mère se nommait Marguerite Guinguen.  Jean avait été baptisé le 20 mars 1652, sous le patronyme Roc’hiou.  Nous le retrouvons pour la première fois au Canada, le 26 décembre 1677, comme «engage de 21 ans», faisant rédiger son contrat de mariage sous seing privé.

Organisation familiale

        Jean Riou fréquentait Catherine, fille de feu Nicolas Leblond, de l'île d'Orléans.  La future venait tout juste d'avoir ses 13 ans.  Ils reçurent la bénédiction nuptiale, le 10 janvier 1678, à Sainte-Famille.

        Voici l'extrait du registre de Sainte-Famille,I.0.: «L'an de grâce mil six cent soixante et dix huict le dixième jour de janvier apres les fiancailles et la publication des trois bans de mariage faicteles vingt unieme vingt sixieme et vingt huitieme jours de decembre aux messes paroissiales de l'Eglise de la Ste Famille en l'Isle St. Laurent, d'entre Jean Riou fils de Jean Riou et de Marguerite Guinguen ses père et mere de la paroisse de Ploujas Evesché de Treguier en Bretagne d'une part, et Catherine le Blond fille de feu nicolas le Blond, et de Marguerite le Cler, ses père et mere de la paroisse de la Ste. Famille Evesché de Québeq d'autre part.  Et ne s'estant trouvé aucun empeschement légitime.  Je soussigné prestre missionnaire les ay dans la ditte Eglise Solemnellement interroges, et après avoir receu leur mutuel consentement leur ay donné la bénédiction nuptiale en presence des tesmoins connus Vincent Chrestien, Mathurin Gerber, David Asselin et Bernard Lainé».
Ch. A. Martin.
À remarquer que l'abbé Charles-Amador Martin (1648-1711),  2e prêtre né au Canada, était fils d'Abraham Martin, qui a laissé son nom aux Plaines d'Abraham à Québec, et de Marguerite Langlois.

        Après deux mois à peine de mariage, 7 mars, la bellemère et le gendre firent appel au notaire Claude Auber pour modifier leur situation devant la loi.  Dans une première entente, Jean avait promis de demeurer 4 ans chez sa bellemaman «pour lui servir à sa terre et habita(ti)on et à touttes choses semblables».  En retour Marguerite Leclerc s'était engagée à nourrir, à habiller son gendre, sa femme et ses enfants à venir.  Après ce temps de probation, la famille Riou aurait eu droit à une maison d'une valeur de 300 livres, à 2 boeufs, 2 vaches et aux instruments aratoires, etc.

        Le nouveau contrat abolissait ces conditions.  Jean et Catherine étaient mariés en communauté de biens.  La bellemère donna à sa fille des habits pour une somme de 110 livres, sans compter la vieille couverte estimée à 5 livres; à son gendre, 6 minots de blé froment et 25 livres à prendre de M. Martin.

        L'on sait que le 8 septembre, la veuve Leblond convolait avec Jean Rabouin, père de 2 enfants.  L'inventaire du normand Nicolas Leblond fut dressé le 23 fevrier 1679, devant le notaire Vachon.  Jean et son épouse durent donc trouver gîte ailleurs.

        Plus tard, 3 août 1693, Jean achètera de son beau-frère Nicolas Leroy demeurant «aladurantaye» la septième partie de la terre ancestrale de son épouse pour la somme de 300 livres.

Un chez-soi

        Jean Riou se dirigea vers les lirnites de la paroisse actuelle de Saint-Frarnçois, I.0., côté nord.  De biais, il pouvait voir sur la rive opposée la première église de pierre de Sainte­Anne, bâtie depuis 1676.  Le 23 février 1679, Pierre Buteau et Perrette Loriot lui vendirent leur terre.  Le couple Riou s'y installa pour presque 20 ans.  Leurs voisins furent Vincent Chrétien, Nicolas Veilleux et Louis Martineau.

        L'on se mit a l'ouvrage.  Le 28 du même mois, Jean signa un bail.  Il promettait de labourer la terre de Pierre Buteau, - était-ce la même ferme qu'il venait d'acheter? - , de semer, engranger, battre et vanner legrain qu'il y récoltera moyennant 23 minots de blé et 1 de blé français (de pois) à remettre au bailleur.  Chose rare, une brochette d'hommes de loi assistaient au contrat: Étienne Jacob, Nicolas Métru et Paul Vachon.

        Le 2 août suivant, à Québec, Jean hypothèque sa terre de 3 arpents de front par un emprunt de 59 livres 10 sols à Jean Baillé, somme qu'il devra remettre après trois ans.

        Etle 21 octobre avant midi, devant Becquet, Jean reconnait avoir reçu de Christophe Martin, sieur de Boiscomeau, la somme de 60 livres que François Berthelot donne aux habitants qui se marient et s'établissent à l'île d'Orléans.

        Le 10 décembre 1679, un autre contrat est signé entre Élie Jean, dit Godon, et Jean Riou.

        En 1681, Jean Riou déclare au recenseur avoir 15 arpents de terre en culture.

La Barque Sainte-Anne

        Le 3 octobre 1684, Jean Riou et Sébastien Cotleau devinrent copropriétaires d'une barque dite La Sainte-Anne. Celle-ci était possédée par indivis par Jean Picart, marchand bourgeois de Québec, et Pierre Moisan, avec les ancres, voiles, cables et autres manoeuvres.  Le vendeur Picard la remettra à la fin de la saison de navigation en lieu d'hivernement par Nicolas Veilleux «qui la commande au tiers».  Le vendeur accepta les risques jusqu'à ce temps.  Prix de la transaction: 125 livres.  Les acquéreurs en payeront un tiers en argent à la Saint-Martin prochaine et les deux autres à la Magdeleine.  Hippolyte Thibierge et JacquesTuret signaient comme témoins devant le notaire Becquet.  Riou ne savait pas signer.

        Une barque, navire de petite dimension, pouvait servir à transporter des passagers, à faire la pêche ou du cabotage.  Nous ignorons à quels usages précis servit la barque Sainte­Anne.

Bail à ferme

        À l'automne 1686, 7 octobre, Jean Riou loue une ferme de René Baucheé pour 5 ans à partir du premier avril suivant, ferme située sur le côté nord de l'île, 8 arpents de front avec de bonnes prairies mais sans bâtiment.  Les voisins étaient les héritiers de Jean Cotleau et de Robert Coustard.  Le bailleur payera le cens et les rentes seigneuriales et le preneur déboursera 25 minots de blé «froment du meilleur», annuellement.  Timothée Roussel avec H. Thibierge assistaient comme témoins devant Duquet.

        En 1688, 25 juillet, François Berthelot fait une concession nouvelle à Jean Riou.  Je n'ai pas pu vérifier la teneur de ce contrat.

Seigneur de Trois-Pistoles

        La seigneurie de la rivière des Trois-Pistoles avait été concédée au sieur Charles Denys de Vitré, le 6 mai 1687, par M. de Denonville.  Cette seigneurie de 2 lieues de front sur le fleuve à l'Est de la rivière et de 2 lieues de profondeur dans les terres comprenait aussi les îles avoisinantes comme l'île­aux-Basques.  Le 15 mars 1696, Jean Riou et sa femme donnent leur terre de l'île d'Orléans, voisine de celles de Vincent Chrétien et d'une autre appartenant à Riou, paroisse Saint-François.  Cette ferme avait un corps de logis de madriers embouvetés de 36 pieds de longueur, une grange et une étable d'une longueur totale de 54 pieds, 2 boeufs de 4 ans, 2 vaches, 2 jeunes cochons, 6 poules et 1 coq.  Riou se réservait le droit de vivre sur sa ferme de l'île jusqu'en avril 1697 en payant 40 minots de blé froment.

        Notre ancêtre n'était pas un seigneur de salon.  L'année suivante, il rendait foi et hommage à sa Majesté représentée à Québec par le Gouverneur et ses conseillers.  Un nommé André lui composa un texte signé Bochart Champigny, 10 avril 1697.  L'écrit spécifie bien que Jean a été dispensé de se présenter en personne au Château Saint-Louis, «pour cette fois seulement».

Petite famine, grande descendance

        Jean Riou fut père de 8 enfants dont deux morts au berceau.  Deux gançons assurèrent sa nombreuse descendance: Nicolas, l'aîné, héritier de la moitié de la seigneurie de son père, se maria à M.-Louise Asselin, 13 octobre 1710, Sainte-Famille, I.0.; Vincent unit sa vie à Catherine Côté, 20 août 1731, à Rimouski.

        Une fille, la cadette, Marie-Madeleine, probablement née aux Trois-Pistoles en 1698, devint religieuse Hospitalière à l'Hôtel-Dieu de Québec où elle entra le 17 septembre 1718.  Soeur Véronique est  à juste titre la premiere âme consacrée de Trois-Pistoles et de sa lignée.  Elle est décédée à Québec en 1744, 13 octobre.

        Les registres de Trois-Pistoles furent ouverts, le 13 septembre 1713, par l'inscription du baptême d'une petite-fille de l'ancêtre, Catherine, fille de Nicolas.  Mais l'acte de sépulture des époux Riou, rédigé avant 1713 par un missionnaire de passage, a été perdu, semble-t-il.

        Le premier prêtre Rioux fut Julien, 6e génération, fils de Julien et de Scholastique Larrivé.  Natif de Trois-Pistoles, il fit ses études à Sainte-Anne-de-la-Pocatière et fut ordonné prêtre au Nouveau-Brunswick, à Shédiac, 4 août 1839, selon Mgr Tanguay.  Il exerça d'abord son ministère aux Maritimes: Richibouctou, Bouctouche (Pointe-à-Jacquet) et Cocagne.  Il fut nommé ensuite à différentes cures dont celle de Petite­ Rivière en Charlevoix (1861-1872).  Il mourut à Trois-Pistoles, à l'âge de 85 ans.

        Taus les Rioux d'Amérique descendent de l'humble seigneur Jean, fils du laboureur breton de Ploujean.

BIBLIOGRAPHIE

Greffe Adhémar, 10 décembre 1679.

Greffe Auber, 7 mars 1678.

Greffe Becquet, 8 mars 1669; 12 octobre 1679.

Greffe Chambalon, 3 août 1693; 15 mars 1696: 22 mars 1696; 14 mars 1697.

Greffe Duquet. 3 octobre 1684: 7 octobre 1686.

Greffe Rageot, 2 août 1679: 24 juin 1686.

Greffe Vachon, 28 février 1679: 25 juillet 1688.

Drouin, Gabriel, Dictlonnaire National des Canadiens-Français (1965), vol. 3, pp. 1852-1853.

Fournier, Marcel, Dictionnaire Biographique des Bretons en Nouvelle­France (1982), p. 119.  Marcel Fournier affirme que Jean Riou arriva au Canada comme sergent d'une compagnie de la Marine ... qu'il fût hospitalisé à l'Hôtel-Dieu de Québec pendant 22 jours, à partir du ler janvier 1692.

Juchereau & Duplessis, Les Annales de l'Hôtel-Dieu de Québec (1939), pp. 404, 408.

Lafontaine, André, Recensement annoté de la Nouvelle-France 1681 (1981), p. 275.

Roy, P.-G., Archives de la Province de Québec (1928), Inventaire des Concessions en Fief et Seigneurie, Fois et Hommages, etc., vol. IV, p. 5.

Tanguay, Cyprien, Répertoire Général du Clergé Canadien (1893). p. 227.

Bulletin des Recherches Historiques, vol. 4, p. 52; vol. 2, p. 309; vol. 17, pp. 239-240; vol. 18, p. 181; vol. 24, pp. 233-234.

Dictionnaire Biographique du Canada, vol. II, p. 187.

Mémoires de la Société Généalogique Canadienne-Française, vol. 2, pp. 69-70.

Rapport des Archives Nationales du Québec, vol. 2, p. 378: vol. 6, p. 335; vol. 51, pp. 140-144.